La Francophonie : un héritage partagé depuis 1962
- Pytheas asso
- il y a 3 jours
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Depuis la naissance de l’idée d’un “commonwealth à la française” en 1962, la Francophonie s’est affirmée comme un espace culturel, linguistique et politique unissant des pays partageant l’usage de la langue française. Mais au-delà de la langue, elle incarne un idéal de solidarité, d’échanges et de coopération entre nations. C'est un projet ambitieux, soutenu par des visionnaires qui ont vu dans cette organisation une manière de transcender les frontières et d’affirmer des valeurs communes.
Les pères fondateurs de la Francophonie
Historiquement, Le terme « francophonie » est apparu vers la fin du XIXe siècle, sous la plume du géographe français Onésime Reclus, pour décrire l'ensemble des personnes et des pays utilisant le français. Il acquiert son sens commun lorsque, quelques décennies plus tard, des francophones prennent conscience de l’existence d’un espace linguistique partagé, propice aux échanges et à l’enrichissement mutuel. La création de la Francophonie repose en grande partie sur quatre figures emblématiques : Léopold Sédar Senghor, Hamani Diori, Habib Bourguiba et Jean-Marc Léger. Chacun, à sa manière, a marqué de son empreinte ce projet de coopération, unissant, d’abord, les anciennes colonies françaises et belges, d’Afrique.
Léopold Sédar Senghor, poète et homme d'État sénégalais, a été l’un des fervents promoteurs de la Francophonie. Héritier de la Négritude, il considérait la langue française comme un outil d’universalité, une passerelle entre les cultures.
Hamani Diori, premier président du Niger, voyait dans la Francophonie une opportunité de renforcer les relations entre les pays africains francophones et leurs anciennes métropoles. Son approche pragmatique et diplomatique a été cruciale dans les premières étapes de la coopération.
Habib Bourguiba, président tunisien, incarne une vision moderniste et humaniste. Il défendait l’idée que la Francophonie pouvait être un levier pour le développement économique, éducatif et culturel des nations du Sud.
Jean-Marc Léger, journaliste et intellectuel québécois, a joué un rôle central dans la conceptualisation et la promotion de la francophonie. Il a contribué à ancrer le projet dans une perspective culturelle tout en impliquant les pays du Nord.

En novembre 1962 les termes de « francophonie » et de « francophone » font un retour en force dans le débat public, à la faveur de la publication d'un numéro de la revue Esprit consacré au « français, langue vivante » et à laquelle participe les pères fondateurs. Le projet est lancé, il faut maintenant convaincre de nouveaux partenaires. C'est là tout l'objet de la signature à Niamey, le 20 mars 1970, par les représentants de 21 Etats et gouvernements, de la Convention portant création de l'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) : une organisation intergouvernementale fondée autour du partage d'une langue commune, le français, chargée de promouvoir et de diffuser les cultures de ses membres et d'intensifier la coopération culturelle et technique entre eux. Le projet francophone a sans cesse évolué depuis la création de l’ACCT devenue, en 1998, l'Agence intergouvernementale de la Francophonie et, en 2005, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Un "commonwealth à la française", une idée venue du Sud
Mais était-ce, à la fin du XXe siècle, une Francophonie institutionnelle ou bien un cadre de coopération multilatérale ? L’idée d’un "commonwealth à la française" traduit d’abord une volonté de proposer un modèle de coopération original, inspiré du Sud mais porteur de valeurs universelles. Si les ambitions de Leopold Sedar Senghor incitent à toujours aller plus loin, Hamani Diori et Habib Bourguiba privilégient davantage les projets de coopérations scientifiques, techniques et culturelles.

Contrairement à une relation verticale ou paternaliste, ce concept mise sur l’égalité des partenaires, le respect des diversités culturelles et l’entraide : le multilatéralisme après les périodes coloniales. Pour les pères fondateurs, il s’agissait de rééquilibrer les relations internationales, en offrant une voix aux nations du Sud sur la scène mondiale. La Francophonie, dans cet esprit, est bien plus qu’une simple communauté linguistique ; elle est un cadre d’action solidaire, où les valeurs de partage, de tolérance et de diversité, qui se dote petit à petit d’outils (l’ACCT et l’AUF).
À travers cette vision, Senghor, Diori, Bourguiba et Léger ont tracé les contours d’une Francophonie ambitieuse, capable de relever les défis de la mondialisation tout en restant fidèle à ses racines.
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